Etat et perspectives de la distribution cinématographique
« Par ailleurs, le cinéma est une industrie ». On se réfère souvent à cette célèbre formule d’André Malraux pour rappeler sur un ton navré que l’art est forcément en butte aux forces de l’argent et du commerce, et que le cinéma, en raison de son envahissante composante industrielle, ne peut qu’au mieux accéder au statut d’art impur. La reproduction technique est constitutive du cinéma, mais, se situe, en amont d’un processus de réplication et de diffusion de l’œuvre qui relève de l’industriel, l’activité d’un créateur. Le cinéma est à ce titre art moderne par excellence. Son ambivalence est même essentielle pour questionner le statut, les limites et le rôle de l’art dans nos sociétés contemporaines. Elle interroge aussi les logiques industrielles et financières : par rapport aux secteurs plus classiques, le cinéma est un casse-tête. Plus précisément, nous allons nous intéresser aujourd’hui à la distribution cinématographique, « cette mal-aimée du monde du cinéma ». C’est un métier charnière entre le producteur et l’exploitant, peu connu et peu étudié. C’est pourtant lui qui promeut les films auprès du public, négocie le calendrier de sortie avec les salles et assure la remontée des recettes vers les producteurs. Bref, sans distributeur, pas de cinéma. Pour s’imposer comme figure incontournable de la filière cinématographique (Charles Pathé lance l’activité de distributeur en 1907), le distributeur a dû batailler contre les auteurs et les réalisateurs, soucieux de protéger leurs droits, et contre les producteurs, hostiles à l’intrusion de celui-ci qu’ils considèrent comme un marchand dans la création artistique. Le distributeur, c’est celui qui cherche puis choisit les nouveaux films. Il en estime le potentiel artistique. Mais, chacun de ses choix recèle une part de risque. Les structures les plus précaires de la filière remettent en jeu leur pérennité et leur indépendance à