Etats unis
Bien entendu, le sens des mots n'a cessé d'évoluer. Mais on a coutume de se référer à l'hégémonie pour désigner des formes de domination au moins en partie consenties, voire désirées, utilisant des instruments dits de "puissance douce" (soft power). L'impérialisme renvoie étymologiquement à tout autre chose, c'est-à-dire un projet politique de construire un ordre impérial, soit explicite, par la conquête, et donc l'usage de la force, soit implicite, par la mise en place de relais, c'est-à-dire souvent de gouvernements clients, voire fantoches, qui ont abandonné une part substantielle de leur souveraineté entre les mains de la puissance impériale. l'entreprendrait, et fragile, sujet à d'incessantes contestations. Il y a donc toujours dans tout projet impérial une part d'hégémonie. En retour, on peut concevoir des formes de domination douce qui ne recourent que très peu à la force et construisent autour d'elles tout un réseau d'influences qui ne correspond plus à l'exigence du modèle impérial. Ainsi, tout mêlés qu'ils soient, ces deux concepts renvoient à deux pratiques distinctes.
Ne pensez-vous pas que moins l'Europe politique existe, plus s'affirme une hégémonie américaine ? C'est incontestablement un paramètre important. J'ai tendance à penser que dans le monde d'aujourd'hui, l'hégémonie est plus que jamais difficile, coûteuse et incertaine. Mais il est certain que l'absence de contrepoids contribue, sinon à sa réussite, du moins à donner l'illusion de sa possible réussite. Lorsque le mur est tombé, la question était de savoir si les Etats-Unis allaient devenir enfin un empire sans rival. Dans le contexte des années 1990, seule l'Europe pouvait être ce rival.
Les Etats-Unis s'en sont très vite préoccupés, notamment à travers une réforme active de l'OTAN, cherchant à faire de l'Union européenne les terres de l'OTAN sur le