Etre heureux est-ce satisfaire tous ces désirs
La question peut surprendre car nous avons tendance à associer naturellement le bonheur à la satisfaction de nos désirs. Qu’il s’agisse de l’enfant qui obtient le jouet qu’il a désiré ou l’homme mûr qui décroche la promotion qu’il convoitait, le bonheur semble passer par l’obtention de l’objet de nos désirs. Dans le cas contraire, nous éprouvons un sentiment de manque et de frustration. Mais lorsque nous lisons l’énoncé plus attentivement, une première difficulté apparaît. Il est en effet question non pas de la satisfaction des désirs, mais de tous les désirs. Or pouvons-nous en établir la liste ? A l’image de la « liste au Père Noël » que dresse un enfant, un désir vient toujours s’ajouter aux autres. Peut-être tient-on là une caractéristique essentielle du désir ? Ne s’épuisant jamais dans l’obtention de l’objet convoité, il renaîtrait sans cesse. Nous apercevons alors une seconde difficulté dans l’énoncé du sujet. Elle porte cette fois sur la notion de satisfaction. Doit-elle être pensée comme obtention de l’objet désiré, à l’image de l’homme rassasié qui n’éprouve plus la tension du désir. N’est-ce pas plutôt l’apparition de désirs toujours nouveaux qui nous rendrait heureux ? Le bonheur serait dans le mouvement plutôt que dans le repos. Mais peut-on vraiment parler de bonheur ? C’est la troisième difficulté que nous pouvons apercevoir dans ce sujet en songeant à Peau d’Ane qui n’a trouvé d’autre moyen d’échapper à une union avec le roi, son père, que de subordonner son consentement à la satisfaction de désirs apparemment impossibles (une robe couleur de soleil, etc…), et que malheureusement son père réussit chaque fois à satisfaire, la condamnant ainsi à la fuite. Ce conte ne suggère-t-il pas, entre autres, que loin de chercher sa satisfaction, le désir est peut-être une façon d’échapper à une forme de malheur. Mais ce « divertissement », comme l’appelait Pascal, en créant un