etude critique affaire freyfud
Cette controverse éclate à la fin du XIXe siècle, à une période qui constitue un âge d'or de la presse écrite, qui voit sa diffusion et par là même son influence augmenter considérablement. Dans ces conditions, il est inéluctable que l'affaire Dreyfus rencontre un important écho dans la presse, qui prend position dans les débats, alors même que la liberté d'expression est garantie par de récentes lois. C'est précisément ce que nous permet de montrer les deux documents qui sont soumis à notre analyse. Le premier est la Une particulièrement célèbre du quotidien L'Aurore, du 13 janvier 1898, publiant la lettre ouverte du dreyfusard Émile Zola au président de la République. Le second est une toute aussi célèbre caricature de Caran d'Ache publiée un mois plus tard, le 14 février 1898, dans le quotidien Le Figaro. À partir de ces deux documents, nous allons pouvoir montrer en quoi la presse a été tout à la fois le reflet et l'instrument des débats d'idées qui agitent la société française pendant l'affaire Dreyfus.
Pour cela, nous commencerons par montrer en quoi les documents témoignent des divisions de la société française face à « l'Affaire », puis en quoi ils contribuèrent à alimenter ces divisions.
I. La presse, reflet des divisions suscitées par l'affaire Dreyfus
Les deux journaux dont nous sont proposés des extraits sont représentatifs de la pluralité de la presse française à la fin du XIXe siècle. L'Aurore, est un journal qui défend des idées de gauche, tandis que l'autre, Le Figaro, est un journal plutôt conservateur. Le fait même qu'on puisse classer les journaux en fonction de leurs opinions politiques témoigne des progrès faits par la liberté de la presse à l'époque.