« La liberté des opinions ne peut être sans limites. Je vois qu'on la revendique comme un droit tantôt pour une propagande, tantôt pour une autre. Or, on comprend pourtant bien qu'il n'y a pas de droit sans limites; cela n'est pas possible, à moins que l'on ne se place dans l'état de liberté et de guerre, où l'on peut bien dire que l'on se donne tous les droits, mais où, aussi, l'on ne possède que ceux que l'on peut maintenir par sa propre force. Mais dès que l'on fait société avec d'autres, les droits des uns et des autres forment un système équilibré; il n'est pas dit du tout que tous auront tous les droits possibles; il est dit seulement que tous auront les mêmes droits; et c'est cette égalité des droits qui est sans doute la forme de la justice; car les circonstances ne permettent jamais d'établir un droit tout à fait sans restriction; par exemple il n'est pas dit qu'on ne barrera pas une rue dans l'intérêt commun; la justice exige seulement que la rue soit barrée aux mêmes conditions pour tout le monde. Donc je conçois bien que l'on revendique comme citoyen, et avec toute l'énergie que l'on voudra y mettre, un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance. Mais vouloir un droit sans limites, cela sonne mal. » Alain 1) Essayer tout d’abord de faire quelques recherches sur l’auteur, et sur ses idées en général.
Alain, de son vrai nom Emile-Auguste Chartier est né le 3 Mars 1868 et est mort le 2 Juin 1951.
L'auteur utilisa différents pseudonymes entre 1893 et 1914, tels Criton (1893), Quart d'œil ou encore Philibert, pour signer différentes chroniques dans "La Dépêche de Lorient" (jusqu'en 1903) puis dans "La Dépêche de Rouen et de Normandie" et ses pamphlets dans "La Démocratie rouennaise".
Alain met au point à partir de 1906 le genre littéraire qui le caractérise, les "Propos". Ce sont de courts articles, inspirés par l'actualité et les événements de la vie de tous les jours, au style concis