etude nous a aide les autres
La mort des pauvres
C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le coeur de marcher jusqu'au soir ;
A travers la tempête, et la neige, et le givre,
C'est la clarté vibrante à notre horizon noir ;
C'est l'auberge fameuse inscrite sur le livre,
Où l'on pourra manger, et dormir, et s'asseoir ;
C'est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques,
Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ;
C'est la gloire des Dieux, c'est le grenier mystique,
C'est la bourse du pauvre et sa patrie antique,
C'est le portique ouvert sur les Cieux inconnus
La Mort subit une personnification à la première ligne, prenant ainsi un caractère positif. L’exclamation hélas montre bien que Charles Baudelaire recherche le réconfort au sein de la mort sans pour autant s’enthousiasmer à cette idée. La mort serait donc synonyme d’espoir et résoudrait tous les problèmes liés au Mal de vivre. L’emploi du mot élixir, jadis une boisson fortement alcoolisée ou bien une potion ayant des effets magiques, renvoie à une interprétation bien précise: la mort nous aide à surmonter les épreuves sur cette terre remplie de désespoir et de tristesse. Elle est une drogue qui facilite notre séjour sur terre, d’où l’allusion au but de la vie et au seul espoir.
Dans le second quatrain les substantifs tempête, neige, givre et horizon noirplongent le lecteur dans une atmosphère lugubre et misérable, tandis que s’y oppose le terme de clarté vibrante, d’où la notion de contraste. Cette auberge fameuse inscrite sur le livre est, peut-être, une référence à l'auberge présente dans la parabole évangélique du Bon Samaritain, qui a recueilli un blessé sur la route et qui l’a soigné devant une auberge.
Le sonnet se termine par deux tercets à mètre pair.
L’ange s’inscrit parfaitement dans le cadre