Etude re renée dans "la curée"
Dans son ébauche de La Curée, Zola écrit : « J’ai voulu montrer [...] le détraquement cérébral d’une femme dont un milieu de luxe et de honte décuple les appétits natifs. » Renée est donc cette « fleur du Second Empire » vouée à une fatale dégénérescence. Femme-fleur : tel est l’aspect métaphorique sous lequel Renée apparaît le plus souvent dans le roman. Malgré une légère myopie, l’épouse de Saccard est une belle femme aux cheveux blonds dont le « corps souple » a des « airs de garçon » (chapitre 1). Elégante et racée, elle suscite l’admiration et le désir masculins. A la fin du chapitre 3, au bal des Tuileries, l’Empereur lui-même pose son regard sur elle et la voit en « mystérieux œillet panaché noir et blanc ». Renée n’hésite d’ailleurs pas à exciter les désirs : plus que de la couvrir, ses toilettes la dénudent et exhibent son corps désirable. Au chapitre 3, lors de leur première rencontre, Maxime suggère d’échancrer sa dentelle et pose sa main sur la poitrine de sa belle-mère. Renée s’enivre du parfum de la fête impériale et sa vie tourbillonnante finira par la conduire à la névrose. Déjà fragilisée par des carences affectives liées à son enfance, la jeune femme se détraque au contact d’un milieu pervers et malsain.
Durant son enfance, Renée n’a goûté aucun bonheur. Elle perd sa mère à l’âge de huit ans et son éducation se fait en pension. A l’adolescence, elle est violée et, déclarée coupable, forcée d’épouser un homme qu’elle n’aime pas (chapitre 2). Jetée dans un monde de plaisirs, la jeune femme ne parvient pas à résister à l’influence de ce milieu décadent. La belle fleur se rend dans tous les lieux à la mode : chez Blanche Müller, au Café Riche, chez le couturier Worms, au Théâtre Italien (chapitres 2, 4 et 5). Elle mène une vie frivole, goûte des « jouissances inconnues » et croque finalement « le fruit défendu » en cédant à Maxime (chapitre 4). Ayant « choi[si] le mal », la tête de la jeune aristocrate se détraque :