Il est incontestable qu’au fil des ans le rapport au luxe a bel et bien changé. Pour ce qui concerne le Maroc, force est d’admettre qu’une révolution a eu lieu depuis les années 2000. Lointaine est l’époque où par simple peur du «mauvais œil» on dissimulait tout signe extérieur de richesse. Jadis, dans les médinas aux murs identiques, c’est lorsque vous étiez invités à pénétrer chez l’hôte que vous saviez en contemplant son intérieur, si vous étiez chez un notable ou chez une famille modeste. Aujourd’hui, on n’hésite plus à afficher ses signes extérieurs de richesse par moult biens matériels, marques fétiches et ultimes articles en vogue. Les us et coutumes d’antan en ont été bouleversés, les attitudes ont changé. Si le terme «luxe» demeure une notion complexe et intime, il renvoie toutefois à un imaginaire collectif que nous avons en partage. Ceci-dit, un Français, un Russe, un Chinois, un Japonais, un Américain ont des conceptions différentes à l’égard du luxe. On peut même pousser l’analyse plus loin en affirmant que cela diffère encore entre un Marocain et une Marocaine ou un Français et une Française. Abdessamad Aboulghali, président du Directoire de Luxe Radio, abonde dans ce sens : «Je pense que globalement, le luxe s’est toujours bien porté au Maroc, à la différence près que ces dernières années il s’est amplement développé dans notre pays, en dépit de la crise internationale, comme cela a été le cas dans plusieurs pays émergents, à prendre avec relativité bien entendu. Ceci s’explique essentiellement par une récente apparition au Maroc d’une nouvelle clientèle active urbaine en quête de désir de reconnaissance. Cela dit, il faut reconnaître que nous évoluons dans un environnement religieux et culturel qui ne prône pas forcément l’ostentatoire. Autrement dit, il n’y a aucun mal à se faire plaisir, à condition de ne pas tomber dans les excès. Justement, le luxe n’a rien à voir avec l’excès, mais plutôt l’écart, et c’est la définition même du terme