Eugenisme
L’avenir de la nature humaine – Vers un eugénisme libéral ?
L’avenir de la nature humaine – Vers un eugénisme libéral ? Jürgen Habermas Résumé partiel de : L’avenir de la nature humaine – Vers un eugénisme libéral ?, Jürgen Habermas, Gallimard, nrf essais, 2002. Chapitre Premier – Une retenue justifiée. Existe-t-il des réponses postmétaphysiques à la question de la « juste vie » ? Après la métaphysique, la philosophie n’a plus la présomption de fournir à des questions qui ont trait au mode de vie personnel, voire collectif, des réponses qui auraient force d’obligation. Sans vision assurée de la totalité de la nature et de l’histoire il ne lui est plus possible de déterminer de manière nécessaire ce qu’est la « vie bonne » ou la « société juste ». Sans formuler d’énoncés substantiels sur ce que doit être une vie digne d’être vécue, il est pourtant possible d’interroger ce que Kierkegaard appelle le « pouvoir-être-soi-même », c’est-à-dire le résultat de l’auto-réflexion et du choix pour soi-même qu’opère l’individu, orienté par son intérêt infini dans la réussite de son projet vital. L’individu s’approprie par l’auto-critique son passé, sa biographie, telle qu’il peut se la remémorer concrètement et telle qu’elle a été dans les faits, et ce à la lumière des possibilités d’action futures. Ce n’est qu’à ce prix qu’il devient une personne que nulle autre ne peut remplacer et un individu qui n’est pas interchangeable. Mais dès lors qu’on aborde les questions relatives à l’espèce humaine, dès lors qu’est en jeu la compréhension éthique des sujets capables de parler et d’agir dans leur ensemble, la philosophie ne peut plus échapper à des prises de position substantielles. Le progrès des biosciences et le développement des biotechnologies (Habermas parle principalement ici de deux pratiques : la recherche sur l’embryon et le diagnostic pré-implantatoire) n’étendent pas seulement les possibilités d’action connues,