Europe, année zéro : la reconstruction de 1944 à 1947

A deux reprises, la conception moderne du système international est née de la guerre. Les deux guerres mondiales façonnent le système international qui avait jusqu’alors été conçu par les Européens pour les Européens. Il y a une nouveauté en 1944-1945, l’Europe n’est plus le sujet majeur du système international, pas plus que les Européens ne s’organisent seuls comme lors du Congrès de Vienne. Ce ne sont plus les Européens qui décident de l’architecture institutionnelle du système mondial mais plutôt les Etats-Unis et la Russie soviétique, entre Europe et Asie. Les Européens ne décident plus pour et par eux-mêmes.

I / Les facteurs de reconstruction du système international

A / Des buts de guerre pour écrire l’Europe

La Première guerre mondiale s’est caractérisée par ses buts de guerre, lesquels ont évolués malgré une certaine continuité d’une guerre à l’autre. Pas de correspondance précise mais un point commun majeur dans les buts de guerre allemands et nazis : la construction d’un bloc autarcique sur le continent européen de la Méditerranée au Moyen-Orient, englobant l’Eurafrique mais aussi le Moyen Orient pétrolier…etc. Cette Mitteleuropa est une vision géographique et idéologique, elle est réalisée en étapes lors de la Seconde Guerre mondiale en commençant par l’Anshluss. Il y a donc continuité et pas rupture franche et brutale de l’Allemagne au nazisme. Dans la Seconde Guerre mondiale, les buts de guerre portent une vision radicale inédite qui s’exprimait déjà dans la Première Guerre mondiale… La conduite et la finalité de la guerre est particulière et rompt avec la pratique européenne de l’équilibre des puissances. Au XIXème, la guerre ne vise pas à la destruction de l’autre. Ce changement permet de comprendre que la civilisation occidentale a mis en œuvre deux guerres mondiales porteuses d’une radicalité nouvelle d’où la Shoah. En ce sens, les conflits auparavant n’étaient pas de même