Europe face aux nationalismes
Riva Kastoryano, directrice de recherches CERI-CNRS
Où va l'Europe ? D'est en ouest, s'expriment les particularismes culturels, historiques et politiques. En mai, les élections législatives néerlandaises font du Parti pour la liberté, populiste, la troisième force politique du pays. En juin, le parti nationaliste hongrois, le Jobbik, fait une entrée spectaculaire au Parlement avec 16 % des voix, doublant son score aux européennes de juin 2009. En Scandinavie, la Suède suit le Danemark avec l'entrée d'un député d'extrême droite au Parlement. Quant à la Belgique, elle est plongée dans une crise sans précédent depuis la victoire des séparatistes flamands aux législatives de juin. Histoires différentes, certes. Mais les enjeux et les réactions de replis identitaires nationaux, régionaux, linguistiques, en deçà et au-delà des frontières territoriales, sont similaires.
En Europe centrale, les nationalismes offensifs ou défensifs sont à l'origine des tensions entre Etats voisins. Le désir de retour à la "magyarité", au rétablissement du lien entre peuple, territoire et nation qui avait été rompu par le traité de Trianon en 1920, a conduit le Parti conservateur - en compétition avec le Parti nationaliste - à mettre en place des lois sur la double nationalité attribuée aux minorités hongroises hors frontières. De peur que la minorité en question (environ 10 % de sa population) ne revendique son autonomie, le voisin slovaque n'a pas tardé à se défendre en mobilisant la vieille peur du "grand Hongrois".
Les Roumains à la recherche de la Grande Roumanie, la Bulgarie dans la lutte contre les minorités turques musulmanes et les Roms trouvent chacun le salut dans le discours nationaliste et la progression des partis populistes. A la définition et redéfinition de l'Autre - Tziganes, Roms, Maygars, Turcs... qui nourrissent explicitement les discours nationalistes - vient s'ajouter l'impuissance des politiques économiques à consolider les