Evaluation d'entreprise
Évolutions récentes et enjeux pour les groupes français
SYLVIE MARCHAL, ANNIE SAUVÉ
Secrétariat général Direction des Entreprises Observatoire des Entreprises
Le présent article a pour objet de mesurer les enjeux économiques liés aux pratiques de comptabilisation du goodwill et, plus spécifiquement, les répercussions probables dues au passage, à compter du 1er janvier 2005, aux normes IFRS (International Financial Reporting Standards) pour les comptes consolidés des sociétés cotées. Se fondant sur l’exploitation d’observations issues d’une base de données représentative des groupes français, l’article met en évidence une forte augmentation des montants de goodwill comptabilisés à l’actif des bilans des grands groupes et, plus particulièrement, des groupes du CAC 40, où ils atteignent 82 % des capitaux propres en 2002. Les difficultés rencontrées dans certains secteurs d’activité, et notamment ceux des télécommunications et des médias, ont conduit certains groupes à déprécier fortement leur goodwill et, ainsi, à afficher des pertes massives en 2001 et 2002. Le taux d’endettement de ces groupes, qui avait crû sous l’impulsion de politiques de croissance externe financées en partie par emprunt, connaît alors une nouvelle augmentation du fait de la contraction des capitaux propres induite par les pertes. On observe ainsi une dégradation des structures sur 2002, qui se prolonge en 2003. À la lumière de ces observations, il semble utile de s’interroger sur la capacité des normes comptables à délivrer une information permettant de refléter fidèlement la dégradation de la structure financière d’une entreprise, de la manière la plus prospective qui soit. La rapidité des événements observés dans l’article rend, en l’occurrence, vaine la question de l’amortissement ou non du goodwill. Néanmoins, dans une perspective plus large, la quasi-absence d’amortissement du goodwill, qui devrait résulter de l’application des