Everything means everything
François BRUNET
Livre fondateur des Études visuelles, Iconologie de W.T.J. Mitchell propose une nouvelle science de l’image, entendue comme une étude générale des représentations. L’auteur y rend compte de la création, du fonctionnement et du pouvoir des images, au moment où leur présence s’impose chaque jour davantage.
Recensé: W.J.T. Mitchell, Iconologie. Image, texte, idéologie. Traduction française, avantpropos et bibliographie par Maxime Boidy et Stéphane Roth. Préface inédite de W.J.T. Mitchell. Paris : les Prairies ordinaires, coll. « Penser/Croiser », 2009. 320 p. Vingt-trois ans après la parution originale d’Iconology (1986), la publication de cette traduction française est un événement, que l’on doit à un éditeur courageux et à deux traducteurs talentueux. Ce livre, le premier au sein d’une sorte de trilogie poursuivie avec Picture Theory (1994) et What do Pictures Want ? (2005), a nourri depuis vingt ans l’expansion d’un champ de recherche et d’enseignement appelé visual studies ou visual culture, champ aujourd’hui pleinement admis dans le monde universitaire anglophone et audelà, mais le plus souvent ignoré en France. Qu’est-ce que les visual studies ? Largement représenté chez les éditeurs et dans les premiers cycles universitaires nordaméricains ou britanniques, le champ des visual studies doit être compris comme une propédeutique du visuel, entendu dans un sens plus ou moins large mais explicitement conçu à l’encontre des hiérarchies de médias, modes, registres, goûts, genres ou écoles qui
caractérisent ou caractérisaient l’histoire de l’art « traditionnelle ». À ce titre il est lié à la grande entreprise de déconstruction des « canons » qui a pris naissance aux États-Unis depuis la période Reagan-Bush et en liaison avec les stratégies d’affirmation de minorités de tous ordres. Ce champ peut aussi être appréhendé, à la manière des cultural studies avec lequel il a partie liée, comme une critique politique de la