Introduction : Le rêve tient une place particulièrement importante dans l’œuvre de Lovecraft, échappatoire ou moyens de communication avec des créatures venus de mondes éloignés, il est toujours au centre de l'intrigue. « Ex Oblivione » s'inscrit dans cette continuité, poème en prose publié en 1921, il raconte le rejet progressif d'un « je » pour le monde réel au profit de celui des rêves. Comment l'imagerie du rêve est employé ici par Lovecraft pour adoucir et aborder celle de la mort ? Nous répondrons à cette question en trois parties, correspondant au trois grands moment du poèmes : L'introduction d'un décors centrée autours du thème de l'agonie tout d'abord ( « quand la fin...temples enfouis » ), la fuite du réel dans une seconde partie (Au bout d'un certain temps...de la banalité »), enfin nous nous pencherons sur l’esthétique de la mort par Lovecraft dans une dernière partie ( « Aussi quand j'appris...une heure brève et désolée »)

I] Une agonie immédiatement posée comme décor :

a) Une haine du monde réel
Texte à la première personne, Lovecraft nous impose ainsi une proximité avec le narrateur et ses idées.
Vocabulaire extrêmement péjoratif pour désigner le monde réel (« hideux petits riens », l'analogie faite entre banalité de la vie et la torture) contrastant avec l’émerveillement devant le monde rêve : « bois enchantés » par exemple.
Le monde du rêve est par ailleurs immédiatement placé sur un piédestal : « Je trouvais dans mes rêves un peu de la beauté que j'avais vainement cherché dans la vie », à noter aussi l'opposition faite non pas entre rêve et réel mais entre rêve et la vie.
b) Un univers onirique au symbolisme fort
Isotopie de l'eau extrêmement présente, à la fois évocatrice du monde du rêve mais aussi de la mort (le passage d'une rive à l'autre entre autres) : L'idée d'étendue d'eau infinie n'est par ailleurs pas sans rappeler la chute finale de l'histoire et en donne une première idée. Le verbe « glisser » enfin donne une idée