| Alexandre WENGER Université de Genève2005 Physiologie de la lecture au XVIIIe siècle DISCOURS DE SOUTENANCE Madame la présidente, Messieurs les co-directeurs, Madame et Monsieur les jurés, Mesdames, Messieurs, MOTIVATIONS - Cette thèse a pour origine un mémoire de licence qui portait sur l'utilisation de références médicales par Sade, mémoire lui-même moteur d'un questionnement ultérieur sur la notion de contagion : pas seulement les théories médicales de la contagion, mais aussi les métaphores de la contagion chez les médecins, partant la contagion d'idées pernicieuses contenues dans certains ouvrages, et finalement l'idée d'une contagion sociale par le livre. De ce premier questionnement, j'ai assez naturellement glissé vers la lecture, qui me semblait recouper l'ensemble de ces éléments. Lors de la rédaction du mémoire sur Sade, puis lors de mon passage à l'Institut d'histoire de la médecine, la question des frontières des disciplines littéraire et historique et plus particulièrement celle de la délimitation de leurs corpus de sources m'interpellait. Il me semblait qu'aucune théorie satisfaisante ne permettait de situer la frontière épistémologique entre un texte littéraire et un texte médical, et de décider quels critères conceptuels ou formels pouvaient, le cas échéant, guider semblable partition (je parle du XVIIIe siècle). J'ai donc décidé de situer mon travail dans le champ « littérature et médecine », et de m'interroger sur la valeur de ce et ; en cela, je suivais l'exemple donné aussi bien par des chercheurs genevois qu'américains, en particulier Anne Vila et Adrian Johns. Cette démarche me semblait particulièrement opportune pour un objet tel que la lecture, dont je me suis rendu compte qu'il était présent aussi bien dans les débats médicaux que dans les polémiques littéraires, aussi bien dans les fictions romanesques que dans les traités spécialisés. De mes recherches en bibliothèques, d'abord menées de façon assez empirique, un ensemble de