exemple d'adaptation d'un roman de Dostoïevski à la scène
Adapter un roman de 600 pages au théâtre est toujours une gageure. Il y a fatalement des épisodes ou des personnages qui ne peuvent être donnés sur scène. Mais le roman de Dostoïevski possède l'avantage de focaliser l'action sur un seul personnage principal : Rodion Romanovitch Raslkolnikov. C'est à travers les actes, les pensées et les yeux de ce personnage que se déroule la trame.
Benjamin Knobil, qui signe adaptation et mise en scène, nous emmène donc dans la course éperdue de ce jeune ancien étudiant qui tue une usurière par esprit de justice et de liberté et se retrouve étranglé par les doutes, les remords et finalement le désir torturant de tout avouer pour se libérer de l'enfer cérébral où l'a jeté son acte.
Autour de lui, le monde miséreux des ouvriers, des petits fonctionnaires, de la maladie, de la prostitution, du manque de tout. Une Russie que l'adaptation propulse au 20ème siècle comme si la misère, l'abus des riches sur les pauvres et la lutte pour survivre des classes défavorisés étaient de tous temps les mêmes. Il y a des échos forts et volontaires avec notre monde actuel. La Russie prérévolutionnaire et la Russie de Poutine comme deux ressemblances.
Une question cruciale est posée par ce monde d'injustice : peut-on vivre honnêtement quand la société semble récompenser de ses bienfaits les malhonnêtes, les criminels et les voleurs ? Quand un Napoléon, un Staline sont portés au Panthéon avec leurs mains tâchées de sang ?
Les êtres forts d'un côté, et la foule des ordinaires de l'autre.
Raskolnikov est un révolutionnaire à sa manière. Il agit pour les autres, mais son acte est un symbole, un symbole qui ne peut exister que s'il le reconnaît. Le dilemme est là. Son crime est un acte gratuit s'il reste dans l'ombre, pire que gratuit : un acte purement mercantile, sauvage et bas.
Un plateau tournant aux multiples décors nous entraîne de lieux en lieux à la suite de notre héros, à la