Exemple D Expos
Présentation du l’œuvre : Le roman de « Jaques le fataliste et son maitre » est un roman satirique, de tous les ouvrages de Diderot, il est le plus commenté, le plus glosé. Malgré la richesse et la variété de la critique, et peut-être à cause d'elles, Jacques demeure d'une complexité et d'une opacité redoutables. Toute interprétation péremptoire risque de susciter une opinion contraire. Dès la première lecture, l'ouvrage est déconcertant. La première explication que l'on peut fournir à la confection de ce tissu d'Arlequin, c'est la genèse même du roman : c'est un devenir de près de vingt ans que nous pouvons lui assigner. Conçu à partir de 1765, il paraît d'abord en feuilleton dans la revue de Grimm, La Correspondance littéraire, de 1778 à 1780, mais Diderot ne cesse de l'augmenter jusqu'à sa mort, et l'œuvre qui, en 1771, comptait 125 pages, en atteignait 200 en 1778, 208 en 1780, 287 en 1783. Le cas n'est pas isolé chez Diderot : la genèse du Neveu de Rameau, du Rêve de l'Alembert, du Supplément au Voyage de Bougainville, du Paradoxe sur le comédien, révèle chaque fois le même étalement dans le temps, la même technique du "bourrage". Faut-il parler de "bricolage" dans le sens de Lévi-Strauss ? Il faut se féliciter en tout cas de disposer d'une œuvre à 1a fois éclatée et réparée qui permet d'observer en plein travail le génie créateur de Diderot, par l'utilisation habile d'une matière littéraire déjà étiquetée. Pour l'essentiel, en effet, il puise sa première mouture dans le roman de Lawrence Sterne Vie et opinions de Tristram Shandy (1759-1763), mais ne cesse de l'enrichir d'emprunts, d'anecdotes glanées çà et là. « Tout le délire de cette faculté d'imagination se réduit au talent de ces