Existe t il une conception française du service public
Existe-t-il une conception française du service public ?
Le service public est une notion centrale du droit public, qui recouvre toute l’activité d’intérêt général exercée par ou pour l’administration publique au service de la population. C’est une activité essentielle, qui est assurée dans chaque Etat de droit, mais qui diffère sensiblement en fonction de la tradition juridico-politique de l’Etat en question. C’est particulièrement remarquable en France, où le service public semble répondre à une conception propre. La théorisation du service public en France a accompagné l’histoire politique du pays. S’il existait des services publics sous l’Ancien Régime, il ne s’agissait que d’activités régaliennes, pour lesquelles il n’était pas possible de parler d’un service public, et il faut attendre l’avènement de la République pour qu’une conception du service public soit élaborée. En effet, avec le développement de services d’utilité collective à la fin du XIXème siècle, sous la IIIème République, le terme de service public, certes apparu dès la Révolution, est défini et mis en perspective par la doctrine et la jurisprudence. Le service public est qualifié par Gaston Jèze de « pierre angulaire » du droit administratif, et à partir du jugement du Tribunal des conflits du 8 février 1873, Blanco, va servir de critère de détermination de ce droit dans de très nombreux domaines d’application. La définition du service public que l’on retient souvent est celle de René Chapus, qui le définit comme une activité d’intérêt général assurée ou assumée par une personne publique et qui obéit à un régime exorbitant du droit commun. Cette conception s’est développée dans le cadre d’une République dans laquelle l’Etat et les collectivités publiques ont suivi une tradition interventionniste, en délivrant bien souvent directement à la population un grand nombre de prestations d’intérêt général. Elle est en cela spécifique à la France, et ne se retrouve quasiment nulle