Explication condensée calligramme d'apollinaire
Apollinaire
Au début du XXe siècle, Apollinaire occupe une place de choix au confluent de la tradition symboliste et de la modernité : élu « Prince de l’esprit moderne » et inspirateur de l’Esprit nouveau, il est aussi reconnu pour son réel sens de la tradition lyrique française. Fidèle à son patriotisme, le poète s’engage en novembre 1914, d’abord artilleur puis sous-lieutenant d’infanterie. Héros naïf, émerveillé et mortifié par la guerre, il est blessé à la tête en 1915 puis trépané. Néanmoins, il prépare l’édition ses « idéogrammes lyriques », dont les premiers sont parus en juillet 1914 ; le recueil paraît en 1918 sous le titre Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre (1913-1914). Dans « La colombe poignardée et le jet d’eau », Apollinaire renouvelle les formes connues du poème figuré ou de l’idéogramme afin de multiplier les lectures et les possibilités d’interprétation. Nous nous demanderons dans quelle mesure le calligramme permet une dénonciation efficace de la guerre et témoigne de l’engagement du poète. Nous verrons tout d’abord que l’originalité de la forme sert la dénonciation puis nous étudierons le rôle de la plainte élégiaque dans l’engagement du poète.
I/ Tout d’abord, ce Calligramme est un texte engagé parce qu’il dénonce la guerre de façon originale
A) La dénonciation de la guerre passe par l’exploitation d’un motif symbolique
La forme du dessin surprend, séduit par son originalité et frappe l’œil du lecteur :
- Dessin / titre, explicite pour la colombe: le « C » en gras peut représenter le pommeau du poignard ; « et toi » au centre de la colombe peut marquer la blessure = symbole de la paix meurtrie par la guerre
- Déchiffrage plus ambigu pour le jet d’eau constitué de 2 motifs : le jet est dessiné par la répartition des vers à partir d’un axe central et le « O » majuscule, qui joue à la fois sur l’homonymie « eau » / « O » et le dessin d’un bassin (une fontaine ? )