Explication de texte – Descartes
Poser l’hypothèse de la vérité, c’est poser celle d’une distinction et d’un partage possibles entre le vrai et le faux. Cela suppose que l’on puisse déterminer quelles sont les conditions d’émergence de l’un comme de l’autre. Seule cette sorte de généalogie peut donner au sujet du discours le moindre espoir de corriger, voire d’éviter l’erreur et de se prononcer « en vérité ». C’est précisément sur cette question que Descartes intervient dans ce texte. a- Le texte commence par poser qu’il y a au moins deux choses que nous « savons » : elles sont donc ici considérées comme établies, on peut s’accorder à leur sujet.
Tout d’abord, « l’erreur dépend de notre volonté ». Il faut prendre cette formule à la lettre, dans son sens le plus simple. Elle ne dit pas par exemple que l’erreur dépend exclusivement de notre volonté. La volonté n’est pas la condition suffisante de l’erreur, mais sans doute une condition nécessaire. Cela signifie que sans intervention de la volonté, il n’y a pas d’erreur possible. Cette proposition est en effet incontestable dès lors que l’on reconnaît l’erreur comme un jugement, et qu’on la distingue ainsi par exemple de l’illusion …
En second lieu, « personne n’a la volonté de se tromper ». Ici aussi, il faut lire à la lettre : aucun sujet ne peut avoir le projet ou l’intention d’être dans l’erreur. Cela semble aussi incontestable pour des raisons qui relèvent cette fois de la stricte logique. Vouloir se tromper ne serait-ce pas viser et admettre une proposition reconnue comme erronée, et donc nécessairement déjà dénoncée comme telle. En conséquence, vouloir se tromper, c’est déjà échapper à la tromperie.
La conséquence logique de ces deux propositions est inévitable : si l’on ne peut vouloir se tromper, et si la volonté est cependant nécessaire à la prononciation d’un éventuel jugement erroné, comme elle l’est à la prononciation de tout jugement, alors il faudrait en conclure qu’ il n’est tout simplement pas