Le CV anonyme

A l’heure où tout le monde, partout et tout le temps, s’expose dans les réseaux sociaux, dévoile des pans de sa vie, ses goûts, son parcours professionnel, voire ses opinions, le CV anonyme, rendu obligatoire en 2006 par le Sénat pour les entreprises de plus de 50 salariés, est d’ores et déjà totalement dépassé et apparaît presque comme un anachronisme. Le CV anonyme constitue à nos yeux un moyen malheureusement insuffisant et peu adapté à la réalité du marché du recrutement.
Au bout du compte on s’aperçoit que si discrimination il doit y avoir, elle arrive tôt ou tard, car, si ce n’est pas à la sélection du CV, c’est à l’entretien d’embauche. Ce dont il faut bien se rendre compte bien malheureusement, c’est qu’un responsable des ressources humaines qui a reçu des instructions à caractère discriminatoire n’a pas nécessairement beaucoup de marges de manœuvres, quand ce n’est pas lui directement l’interlocuteur discriminant.
En France, seulement une petite moitié des recrutements sont effectués à la suite de l’envoi d’un CV. Les autres sont réalisés par cooptation, approche directe, au moyen des réseaux sociaux ou professionnels : tout ce qu’il y a de moins anonyme !
Il est dommage qu’en raison d’une minorité, la profession toute entière soit pénalisée car vu sous un autre angle, les données personnelles dites discriminatoires ne sont-elles pas utiles voire indispensables dans la sélection d’un candidat ? L’expérience et par extension l’âge sont essentiels pour les grilles de salaire ; le sexe, qu’on le regrette ou non, ouvre sur des traitements différents : on peut toujours le déplorer, les femmes continuent d’être moins payées que les hommes à poste équivalent (et ne soyons pas naïf, cela compte) ; la nationalité -pour des candidats étrangers qui n’ont malheureusement pas leurs papiers à jour ou qui nécessitent un suivi particulier, sans parler de ceux qui peuvent poser un problème si on doit les envoyer sur des destinations où ils seront