Fables la fontaine
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Dans ce récit je prétends faire voir
D’un certain sot la remontrance vaine1.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le Ciel permit qu’un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un Maître d’école.
L’Enfant lui crie : Au secours, je péris !
Le Magister2, se tournant à ses cris,
D’un ton fort grave à contre-temps s’avise
De le tancer3 : Ah ! le petit babouin4 !
Voyez, dit-il, où l’as mis sa sottise !
Et puis, prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux, qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu’ils ont de maux : et que je plains leur sort !
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord5.
Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard6, tout censeur7, tout pédant8,
Se peut connaître9 au discours que j’avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l’engeance10.
En toute affaire ils ne font que songer Aux moyens d’exercer leur langue.
Hé mon ami, tire-moi de danger : Tu feras après ta harangue11. Fable XIX, L’enfant et le maître d’école (1668), Jean de La Fontaine
Cette fable fait