Fabliau
Le vilain qui vola le vin du curé, par Flora
Il y avait jadis un vilain veuf qui s’ennuyait énormément à se prélasser en regardant sa nourrice faire le ménage. Un jour, il avait décidé de descendre chez le curé pour l’inviter à souper chez lui. En arrivant au presbytère, le vilain aperçut une belle bouteille de vin sur la table de curé. Comme le vilain avait envie d’inviter le curé, il voulait aussi lui faire plaisir en lui servant un bon vin. Il prit donc la bouteille en la cachant derrière son dos, puis il l’invita :
« Cher père, je vous invite à souper avec moi ce soir. Je vous servirai mon meilleur vin. »
Le curé avait accepté, donc le vilain reprit la route pour aller chez lui. En arrivant, il avait donné la bouteille à sa nourrice qui l’avait regardé avec les yeux grands ouverts. Il lui annonça :
« J’ai trouvé un vin fameux chez un de mes amis. Nourrice, je vous demande de faire une belle table pour deux. J’ai invité le curé pour qu’il vienne souper, et je veux qu’il goûte son…Pardon…Mon vin.
- Mais, mon sire, êtes-vous sûr que je ne peux pas mettre la table pour trois ?
J’aurais bien aimé souper avec vous.
- Non, il n’y aura pas assez de vin pour nous trois ! »
Le vilain avait quitté la nourrice qui avait commencé à mettre la table. Mais la nourrice s’était arrêtée immédiatement. Elle voulait lui rendre la monnaie de ses sous. Elle prit la bouteille et but tout d’un seul trait. Puis, elle laissa la bouteille vide sur la belle table. Malheureusement, elle était devenue saoule. À ce moment-là, le curé avait frappé à la porte. Comme le vilain était occupé, la nourrice avait ouvert la porte :
« Hic…Monsieur, je veux dire Dieu le plus béni de tous, venez boire du vin !
- Mais… Madame, vous êtes saoule, avez-vous bu? Que s’est-il passé ici ? demanda le curé affolé.
- Rien ne s’est passé ! Moi, saoule ? C’est juste que je vois des belles étoiles, et des papillons, et des… Venez boire avec moi, Dieu, en attendant que l’ogre