Fabrication de l'information
Florence Aubenas est reporter au Nouvel Observateur et Miguel Benasayag philosophe et psychanalyste. Il anime également le collectif « Malgré tout ». Ensemble, ils ont déjà publié Résister, c’est créer aux éditions la Découverte en 2002. « Après avoir longtemps cru qu’une chose est vrai « parce qu’elle est écrite dans le journal », la conviction populaire s’est inversée». Voici une phrase bien lourde de sens pour introduire cet essai sur la fabrique de l’information. Aujourd’hui les médias sont en train de subir un profond bouleversement. La presse n’est plus perçue seulement comme une entité révélant les grands scandales de la planète et la transparence devient une notion clé dans les sociétés actuelles. Il est 20h, dans le monde entier, tout le monde se regroupe au même moment devant son téléviseur pour suivre l’actualité. Cependant qui décide de l’information qui va être traitée, de ce qui est important et ce qui ne l’est pas. D’un bout à l’autre de la planète tous les journaux télévisés traitent les mêmes sujets avec une importance plus ou moins similaire. Le système de presse vie dans ce que l’on pourrait appeler un « monde unique ». Pour marquer leur singularité, les journalistes sont donc perpétuellement en quête de personnage, à la recherche du passant lambda qui va leur permettre de construire et de mettre en scène l’histoire qu’ils veulent écrire. Les gens sont rangés dans des cases : les chômeurs, les RMIstes, les banlieusards, les politiciens… et les journalistes n’ont plus qu’à piocher ceux qui correspondront le mieux à leur sujet pour créer ce qu’ils appellent « l’illusion ». Le philosophe Louis Althusser parlait d’idéologie «quand les réponses précèdent les questions ». Aujourd’hui les journalistes trichent et manipulent l’information pour faire voir et appuyer leur message en lui donnant