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“ L'espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner; il n'est jamais à moi, il ne m'est jamais donné, il faut que j'en fasse la conquête.” Georges PEREC dans “Espèces d’espaces”

Les lieux existent-ils sans nous ? Notre environnemement se résume-t-il à un palimpseste de matières, de terre, de béton dont la stratification se dédouanerait de notre histoire, de notre vie ? Nous faisons les lieux pour dompter notre milieu, l’adapter à nos besoins vitaux ou artificiels, accueillir et “asseoir” une société, elle-même lieu de nos rencontres, berceau du collectif et de chacune de nos individualités. Et nous sommes nous mêmes “lieux” Lieux organiques, méandres de vivant. Lieux de sensations, . médiation entre ce qui est hors de nous et ce qui est en nous. Lieux qui s’émancipent de notre propre espace qu’est notre corps pour aller vers l’Autre. Les lieux que nous créons sont le prolongement de ce corps. Ils sont aussi les “compte-rendus” les traces, les vestiges d’interactions, de rencontres, de , connections passées, figeant des temps, en projetant d’autres. Volontiers anachroniques car faits pour un Temps et non pour le Moment dans ce qu’il a de plus présent. “Faire place” ce serait fabriquer un lieu, un territoire nouveau, qui , s’émanciperait des stratifications déjà existantes. Qui les assumerait peut-être, qui les contredirait parfois, qui les sublimerait éventuellement. Mais ce serait pour sûr créer un lieu non plus passif, résultat de rencontres passées, non plus anachronique, mais “hic et nunc” ici et maintenant, actif et , en train de se faire, conséquence de cet “hyper-présent” qui est notre réalité, réalité de nos gestes, réalité de nos rencontres. Ce serait peut-être ainsi un lieu transitoire et mouvant, évènementiel donc provisoire. Ou peut-être pas. Il laisserait des traces, comme une volonté de s’accrocher, de s ‘inscrire dans un futur, de proposer un après... “Faire place” ce serait donc inciter la