Famille delinquance
Les bouleversements de la famille contemporaine – divorces, familles monoparentales, familles recomposées, couples durables mais non cohabitants, couples homosexuels – font l’objet d’une préoccupation, parfois même d’une forte inquiétude, de la part de nombreux praticiens et de responsables administratifs dans les domaines de la prise en charge éducative et de la politique familiale. Dans le même temps, les thèmes de l’insécurité, des banlieues délinquantes et, plus généralement, de l’augmentation de la violence dans la société française, sont (re)devenus des enjeux centraux du débat politico-médiatique. Or la famille s’y trouve de plus en plus souvent suspectée de “ démission ” par des responsables politiques mais aussi par de nombreux enseignants. La famille a-t-elle donc connu des évolutions qui accroissent ou redéfinissent la place qu’elle prend dans la genèse de la délinquance ? C’est la question à laquelle s’efforce de répondre un rapport commandité par la Caisse Nationale des Allocations Familiales à un chercheur du CNRS (Mucchielli, 2000) et dont le présent texte résume la substance [1]. Deux questions centrales y sont débattues : 1) la crise de la famille a-t-elle un impact réel sur la délinquance ?, 2) comment faut-il comprendre la question de la “ démission parentale ” dans une perspective scientifique ?
La dissolution familiale : une inquiétude à relativiser
Le double point de vue historique et sociologique amène à relativiser les propos alarmistes fréquemment tenus sur la “ dissolution ” familiale, sur la “ désinstitutionnalisation ” du mariage et sur l’“ absence des pères ”. En effet, l’on se réfère souvent à la disparition d’un modèle dit “ traditionnel ” qui, dans la réalité historique, ne l’a jamais été. Le modèle de la famille nucléaire fondée sur le mariage, le travail du père et l’éducation des enfants par la mère, est un modèle qui n’a vécu que peu d’années (en gros les