Fantôme d'amour
Cette déesse à la beauté figée, immortalisée par cette toile exquise et fictive, qui jusque là avait flétri mon corps d’obscènes flétrissures, semblât me dévisager, avec une telle force que j’eus l’impression qu’un linceul de douleur recouvrit mon corps faible et mortel. Ce qui m’arrivai dépassait ce que je crus jusque là connaître. Mon orgueil céda à la luxure quand je priai pour que Dieu m’épargne cette cruelle vision et me sorte de cette torpeur. Je sus que j’étais en train de rêver dès l’instant où cette Lilith impie jaillit de l’unité harmonique du tableau, transportant avec elle une sinistre et épique mélodie. Aussi puissante qu’un orgue et aussi douce qu’une lyre, sa voix tonna dans mon esprit, emportant le moindre de mes sens dans les Limbes et tirant du plus profond de mon âme mon désir ardent et fanatique de la voir transportée en pleine réalité. Elle était belle, sublime et cruelle. Elle était mon idylle, ma création, le portrait rêvé. Elle était ce que jamais je ne posséderai. Elle était ma convoitise, ma Luxure.
Et pourtant, je la comprenais :
Je l’avais façonnée et ainsi, ses pensées étaient les miennes. Cette omniscience gonflait mon Orgueil et ma Colère me gangréna au moment où je compris qu’elle n’était que le fruit de ma Gourmandise. Ainsi, je voyageais à travers l’amertume de ma fée, de cette beauté impeccable qui, je sus, combler le moindre de mes désirs. Un monologue en parfaite symbiose avec mon esprit se déversa au plus profond de mon coeur.
J’en fus convaincu dès lors lorsqu’elle était elle-même fascinée. Ma Luxure n’aurait pu déterminer en personne ce qu’elle éprouvait pour moi, son père et amant. Elle savait qu’elle n’était que le fruit de mon imagination. Et pourtant, sa passion se reflétait jusque dans son regard. Elle me toisait avec une déférence improbable, et soudain, se dit ceci : « à mesure qu’il m’observait, qu’il soutenait mon regard, je sentais qu’il m’entendait. J’essayai de lui parler,