Faut il éduquer à la liberté?
Éducation et liberté semblent, au premier abord, être deux termes tout à fait contradictoires. En effet, les représentations communes de ces deux concepts amènent l'homme à penser que l'un ne dépend pas de l'autre, et même plus, que l'un entrave, voire paralyse l'autre. La liberté est parfois vue comme une indépendance, une faculté d'agir selon sa volonté, supposant une absence d'obstacle et de règles. L'éducation, quant à elle, entend un enseignement, une intégration des lois sociales ainsi qu'une dépendance de formation du maître à élève. De même, la liberté est tantôt exprimée comme une satisfaction totale de ses désirs tandis que l'éducation attends une maîtrise de soi qui passe par la maîtrise de ses passions. Néanmoins, et si l'opinion souvent trop commune de rattacher au terme de « Liberté » celui d'indépendance totale persiste, une telle approche se heurte bientôt au fait que l'homme ne soit pas un être capable d'une indépendance absolue. En effet, seul un homme apte à se suffire à lui même pourrait prétendre à une telle indépendance, or, il n'existe personne à part Dieu qui puisse se détacher ainsi des lois naturelles. La liberté s'explique alors comme une puissance de choix raisonnés par une réflexion critique, comme une détermination autonome et spontanée d'un sujet rationnel. L'autodétermination suppose un exercice de raisonnement de son libre arbitre ainsi qu'une capacité de réflexion critique sur la nature des objets vis-à vis desquels on choisit. Cependant, cette liberté s'établit au sein d'une soumission consciente et autonome aux lois. L'homme ne se rend non pas dépendant au sens négatif du terme, mais qu'il s'autodétermine dans ce qu'il choisit de se soumettre de manière autonome aux lois communes afin de préserver sa liberté. Agir librement devient alors une volonté d'obéissance à une règle d'action prescrite par la raison, ce qui nécessiterait une annihilation de ses passions, dans la mesure où ce sont elles