Faut il admettre toutes les opinions
La liberté d'expression constitue l'une des caractéristiques majeures des sociétés démocratiques. Trop nombreux sont les cas où ce droit se trouve bafoué voire nié pour qu'on n'en salue pas la présence effective; pourtant, si la fonction même du philosophe dans sa quête de vérité, est, depuis Platon, de démêler et de disjoindre la "DOXA" du "LOGOS", il semble plus que jamais de son devoir de dénoncer la confusion entre égalité du droit à l'expression et l'égalité des expressions. Or, ce n'est pas un des moindres paradoxes de l'activité philosophique que d'être à la fois tenue de prendre compte toutes les opinions tout en refusant l'opinion en tant que telle.
La question qui nous est posée soulève le problème, non seulement de la fonction, mais de la possibilité d'être de la philosophie à l'époque contemporaine.
I/ L'opinion: sa nature, son origine
1°) Sa nature:
Dans le langage des philosophes, mais aussi dans le langage courant, opinion est un terme plutôt péjoratif, il désigne un point de vue, un avis, un "jugement" qui n'est pas en mesure d'établir la vérité de son propos; le propre de l'opinion est pourtant paradoxalement, de se prendre pour de la pensée, pour une idée; c'est ainsi que ni lepréjugé ni l'opinion ne sont directement perçus comme tels pour ceux qui les véhiculent.
2°) Son origine:
L'opinion est déterminée par 2 séries de facteurs:
- un facteur psychologique: le désir: on croit en fonction de ce qui faltte nos désirs, nos attentes, notre quiètude.
- un facteur social: l'imitation: l'influence coercitive du groupe produit des mentalités collectives. Heidegger considère " la dictature du ON" comme l'un des traits dominants de "notre manière d'être au monde": à l'intérieur du on, écrit-il "chacun est l'autre et personne n'est lui même."
3°) Un constat:
"Il y a très peu d'hommes qui pensent, pourtant tous ont des opinions." Berkeley. Ce qui distingue penser et avoir des opinions c'est l'aptitude au