Faut-il admettre toutes les opinions ?
« Chacun son opinion ! » a-t-on coutume d'entendre au terme d'une discussion ou les interlocuteurs n'arrivent pas à tomber d'accord. Puisqu'on ne peut pas s'accorder sur tout, que chacun a son propre point de vue, il semble normal de devoir accepter par principe toutes les opinions. Cependant certaines opinions ne manquent pas de heurter notre sensibilité ou notre raison, par leur violence et sont insupportables.
Cette nécessité de reconnaître pour vraies certaines opinions apparaît comme un des éléments fondamentaux du pacte démocratique et l’on comprend que rejeter certaines opinions au motif qu’elles ne sont pas les nôtres serait purement destructeur du pacte républicain. Admettre toutes les opinions semble donc une nécessité au sens social du terme. Mais pourtant ce qui est une nécessité d’un point de vue social, l’est-il de la même façon du point de vue moral ?
En effet, pour quelles raisons devrions-nous tolérer toutes les opinions sans exception et serions-nous vraiment contraints d’accepter ce qui est intolérable ?
La difficulté posée par l’énoncé du sujet vient donc du fait de l’extrême ambiguïté de la notion d’opinion qui peut signifier aussi bien fausseté et superstition, que jugement hypothétique et vraisemblable ou même encore jugement accompagné de raison qui permet de cheminer vers le vrai, sans jamais l’atteindre vraiment.
Dès lors, si les opinions sont généralement admises à titre de normes collectives, cela signifie-t-il vraiment qu’il faille toutes les reconnaître pour vraies d’un point de vue moral ?
Nous chercherons à démontrer dans un premier temps qu’il apparaît nécessaire d’admettre toutes les opinions qui s’offrent à nous quand nous ne possédons pas d’autres certitudes pour nous orienter dans la pensée.
Le vocabulaire technique et critique de la philosophie d’André Lalande définit l’opinion comme « le jugement collectif porté sur un fait