Faut-il désirer l'impossible?
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INTRODUCTION - Si désirer c’est tendre consciemment vers ce que l’on aimerait posséder et, dès lors, ressentir un manque, le désir apparaît, en premier lieu, comme privation ou gêne. Mais il est aussi la source de l’action et du plaisir : pas d’action qui ne soit désirée, directement ou indirectement, et pas de plaisir sans un désir préexistant qui me fait me représenter tel ou tel objet comme une source réelle ou imaginaire de satisfaction. Comment gérer cet état instable et ambigü ? - On peut soit chercher à assigner au désir des limites (désirer seulement ce qui est à notre portée), de façon à réduire ou à atténuer le sentiment de manque et de souffrance, soit lui donner libre cours (cf. La photographie de Cartier-Bresson, « Jouissez sans entraves »), même si cela nous amène à désirer ce qui semble irréalisable, impossible. Faut-il alors désirer l’impossible ? Est-il souhaitable de convoiter ardemment cela même qui est hors de notre portée, qui semble irréalisable, voire irréel ? Quels mobiles peuvent inciter à constituer l’impossible en objet du désir ? Qu’est-ce exactement que désirer l’impossible ? Désirer l’impossible, n’est-ce pas se condamner à être toujours déçu, malheureux, c’est-à-dire en état de manque permanent ? A contrario, ne désirer que ce qui est possible, n’est-ce pas s’interdire toute action authentique et créatrice ? N’est-il pas d’ailleurs dans la nature du désir de désirer l’impossible ? Le désir de l’impossible n’est-il pas finalement utile ? - Le problème soulevé par l’intitulé du sujet concerne donc l’attitude à adopter face à un double écueil : celui qui consiste à ne pas savoir maîtriser ses propres désirs (désir intempérant et capricieux), celui qui consiste à ne désirer que ce qui est (désir conformiste). La question posée est donc avant tout pratique ou morale : il s’agit de s’interroger sur les buts que nous nous assignons et sur la manière dont il faut conduire son existence. I) IL FAUT