Faut-il enterrer le passé?
Chez les indiens d'Amérique du Nord, lorsque l'on partait en guerre contre une tribu, on "déterrait la hache de guerre"; hache que l'on "renterrait" si l'on en venait à fumer le calumet de la paix, c'est-à-dire à conclure une paix. Cette "hache" symbolisait les périodes sombres d'une tribu, et elle ne revoyait le jour que pour de nouveaux carnages; c'était cependant "sis pieds sous terre" qu'elle reposait en temps de paix, pour qu'elle n'évoque à personne les luttes sanglantes... Petite anecdote pour dire que même si, au premier degré, l'acte d'"enterrer" le passé peut faire sourire, il n'en est pas moins subtil; car certes, on ne peut vraisemblablement enterrer que chose matérielle; mais qu'est-ce donc que l'enterrement ? Un rite, sacré, à valeur religieuse, que les indiens eux aussi connaissaient. L'enterrement est un renoncement, à l'existence d'un individu, où à une période passée - pour l'expression indienne de la hache de guerre. Nous "laissons en paix" nos morts, mais nous cherchons surtout à les oublier, à vrai dire, car leur souvenir nous blesse encore, du fait qu'ils ne sont plus vivants et qu'ils nous manquent; pour preuve que ce rite n'existe que