Faut-il lire pour s'amuser ou pour s'instruire ?
« N'en as-tu pas assez ? demanda poliment Édouard.
Excuse-moi ? rétorqua sèchement la jeune étudiante.
À peine sors-tu de cours que tu te plonges déjà dans ce charabia historique et philosophique.
J'ai besoin de cela. Le savoir, c'est la vie. Il ne faut cesser de le cultiver si l'on veut s'en nourrir, lui lança prétentieusement Élisabeth. Et pour le cultiver, il faut apprendre à réfléchir. La lecture est la base de la réflexion.
Je ne vois pas cela sous cet angle, dit le jeune homme avec un sourire narquois. Pour moi, la lecture est avant tout une source de détente et de distraction.
Ne réfléchis-tu donc jamais à ce que tu lis ? questionna-t-elle avec confiance.
Non. Je lis, cela suffit. C'est une sorte d'échappatoire, cela distrait mes pensées et j'en oublie ce qui se passe autour. »
Déconcertée, la jeune fille quitta la table pour aller s'installer sur une douillette banquette située au fond de la salle. Persuadé d'avoir été maladroit, Édouard s'empressa de la rejoindre et posa ses livres en face d'elle. Elle le fixa quelques secondes puis lui fit signe de s'asseoir.
« Quel ouvrage lis-tu en ce moment ? interrogea timidement le garçon.
Du contrat social, de Rousseau, répondit froidement Élisabeth.
J'ai vraiment du mal à lire ce genre d'œuvres littéraires. Y trouves-tu ton compte ?
Bien sûr. Je ne veux pas faire des études de droits pour rien. Par