Faut-il respecter toutes les cultures ?
note : 16/20
Faut-il respecter toutes les cultures ?
Dans Tristes tropiques, avant de conclure, Lévi-Strauss se demande avec amertume si un jour « l’arc-en-ciel des cultures humaines aura fini de s’abîmer dans le vide de notre fureur », en montrant bien les méfaits de l’ethnocentrisme et du non-respect des autres cultures, des autres réseaux de règles et de valeurs avec lesquelles l’individu s’identifie. Pour éviter la destruction de cet arc-en-ciel des cultures, l’homme doit-il s’ouvrir, d’une manière abstraite et idéale ou concrète et donc conflictuelle, à toutes les cultures, quelles qu’elles soient, ou ne doit-il pas plutôt faire montre de jugement , de prudence, cette qualité chère à Aristote, et de sens critique, en essayant autant que possible de comprendre les autres cultures, de les respecter voire de s’enrichir à leur contact, mais en sachant aussi les juger et parfois les condamner ? Une certaine éthique semble en premier lieu nous porter au respect des autres cultures : alors que pour Kant, autrui, de culture différente, apparaît comme une promotion pour la liberté devenue autonomie, le christianisme prône lui aussi le respect des autres cultures et de la différence. Mais ce type d’ouverture n’est-il pas trop abstrait, trop idéal à l’homme, plutôt que de simplement respecter les autres cultures, ne doit-il pas plutôt être confronté à la réalité même des cultures diverses, pour s’enrichir de ce conflit, comme l’ont montré Hegel dans De la dialectique du maître et de l’esclave, ou même Nietzsche et Sartre ? Enfin, l’homme d’aujourd’hui, témoin désillusionné d’un siècle ponctué de crises et de retours à la barbarie, ne doit-il pas relever le défi de la complexité et savoir choisir entre le respect d’une culture et sa condamnation, en développant ces qualités, essentielles pour l’homme d’aujourd’hui, que sont le jugement et le sens critique. A la question du respect de toutes les cultures, la première