Faut-il toujours dire la vérité ?
Afin de rassurer son fils, pour ne pas lui faire affronter une terrible et insoutenable réalité, pour lui cacher la face terrible d’un monde impitoyable, un père, en pleine seconde guerre mondiale, ne dit pas la vérité à son enfant. Film de Roberto Benigni, La vie est belle met en exergue le choix de préférer délibérément le mensonge à la vérité, un choix qui permet de préserver l’illusion du fils quant à la nature véritable de l’endroit où il se trouve et qui contribue très probablement à sa survie. On peut alors se demander si un tel choix est condamnable sous prétexte qu’il faut toujours dire la vérité. Ce questionnement ne considère pas la vérité sous un angle épistémologique mais sous un angle moral : dire la vérité, une maxime qui fait partie de l’éducation qu’on inculte souvent aux enfants, est-il un devoir universalisable et valable en toutes circonstances ? Autrement dit, le mensonge qui est la traduction d’une volonté délibérée de taire la liberté, à la différence de l’erreur, peut-il être pensé comme condamnable quelle que soit la situation et quel que soit l’interlocuteur. Nous verrons d’abord en quoi il semble préférable de toujours dire la vérité. Il sera ensuite question de montrer en quoi il est difficile de faire de la sincérité une valeur en soi.
I. Il semble préférable de toujours dire la vérité
• Dire toujours la vérité semble être un pilier de la société humaine qui repose sur la parole et la confiance en celle-ci. Parler sous-entend que le contenu des propos engage le locuteur.
- Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs
• Le mensonge en entraîne souvent d’autres et fait rentrer le menteur dans un cercle sans fin où il ne peut plus contrôler les mensonges. Il est donc la première victime de ses propres mensonges.
- L’affaire du Watergate
• Notre conscience nous impose un devoir de vérité : un non-respect risque de provoquer des tourments de la conscience et c’est notre dignité