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Etude de documents
Vichy : « un passé qui ne passe pas » ?
➢ Qu’est-ce qui caractérise l’évolution de la mémoire savante sur Vichy entre 1945 et aujourd’hui ? (Documents 3 et 4)
La mémoire savante dépend pour faire simple : des choix opérés par les historiens, du rythme d’ouverture des archives publiques et de la demande sociale. Or, tous ces aspects ont joué contre une étude exhaustive et dépassionnée du régime de Vichy.
Voilà pourquoi, la mémoire savante a tardé à ausculter Vichy. Voilà pourquoi l’ouvrage d’histoire qui va dominer l’historiographie française « jusqu’au années 70 » est l’œuvre d’un journaliste et non d’un universitaire, n’est pas une autopsie mais un plaidoyer. « L’Histoire de Vichy » de Robert Aron (document 1) s’efforce de montrer que Pétain, le bouclier des Français, a su jouer double jeu avec Hitler. Ainsi, selon Robert Aron, « , négociations secrètes, télégrammes clandestins, mesures dilatoires, impossibles à percevoir par l’opinion, ne cessent de réduire la collaboration proclamée » (lignes 7 à 9). Certes, les preuves censées étoffer cette thèse sont loin d’être probantes mais Robert Aron profite ici d’un contexte de Guerre Froide marqué en France par une recrudescence de l’anticommunisme.
En fait, il faudra attendre l’exploitation méthodique des archives allemandes par Eberhard Jäckel (« La France dans l’Europe d’Hitler », 1968) pour voir les thèses d’Aron mises en pièces. Malheureusement pour cet historien allemand, son approche ne rencontre pas l’écho mérité ; ce qui ne fut pas le cas pour son successeur américain, Robert Paxton dont « La France de Vichy » (document 4) connut un réel succès (12 000 exemplaires vendus lors du premier tirage). Pour Paxton, si bon nombre de Français se font « complices » du Reich (ligne 2) ; c’est par attrait pour « la Révolution Nationale » (ligne 8). Avec Paxton, le verdict est sans appel : la collaboration est une initiative française perçue comme la