Femme dans l'armee
COMMISSION GÉNÉRALE DE TERMINOLOGIE
ET DE NÉOLOGIE
RAPPORT SUR LA FÉMINISATION DES NOMS DE MÉTIER, FONCTION, GRADE OU TITRE
Octobre 1998
Résumé des observations et des recommandations de la commission
Les compétences du pouvoir politique sont limitées par le statut juridique de la langue, expression de la souveraineté nationale et de la liberté individuelle, et par l’autorité de l’usage qui restreint la portée de toute terminologie officielle obligatoire.
Une politique linguistique qui fait de la féminisation une priorité semble se donner pour objectif de remédier à un décalage entre les mots et les moeurs afin que la langue transcrive fidèlement l’accès des femmes à des métiers, fonctions, grades ou titres qui leur a été longtemps refusé. Cette initiative a, en France et dans les pays francophones, des précédents dont la vertu essentielle est de nous révéler les impasses à éviter.
La commission relative au vocabulaire concernant les activités des femmes, instituée en 1984, s’est heurtée à l’absence de consensus sur la légitimité et la nécessité d’une telle entreprise, mais aussi aux résistances du corps social à toute tentative autoritaire de diriger l’usage de la langue. Les pays francophones, qui sont allés jusqu’à proposer des lexiques officiels et à reformuler leurs textes juridiques, ont entrepris des réformes dont les limites apparaissent désormais clairement. La féminisation a procédé d’une dénonciation de l’usage du masculin, entendu comme effacement du féminin. Elle a empêché ainsi toute désignation claire du sujet juridique et a induit paradoxalement la création de formules linguistiques neutralisant la différence des sexes.
Les contraintes internes à la langue ne sauraient donc être sous-évaluées. La féminisation est rendue difficile car le français ne dispose pas d’un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les substantifs. Héritier du neutre latin, le masculin se voit