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Pauvre Blaise/I - Les Nouveaux Maîtres
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Pauvre Blaise ► - II - Première Visite au château
Blaise était assis sur un banc, le menton appuyé dans sa main gauche. Il réfléchissait si profondément qu’il ne pensait pas à mordre dans une tartine de pain et de lait caillé que sa mère lui avait donnée pour son déjeuner.
« À quoi penses-tu, mon garçon ? lui dit sa mère. Tu laisses couler à terre ton lait caillé, et ton pain ne sera plus bon. »
Blaise. — Je pensais aux nouveaux maîtres qui vont arriver, maman, et je cherche à deviner s’ils sont bons ou mauvais.
Madame Anfry. — Que tu es nigaud ! Comment veux-tu deviner ce que sont des maîtres que personne de chez nous ne connaît ?
Blaise. — On ne les connaît pas ici, mais les garçons d’écurie qui sont arrivés hier avec les chevaux les connaissent, et ils ne les aiment pas.
Madame Anfry. — Comment sais-tu cela ?
Blaise. — Parce que je les ai entendus causer pendant que je les aidais à arranger leurs harnais ; ils disaient que M. Jules, le fils de M. le comte et de Mme la comtesse, les ferait gronder s’il ne trouvait pas son poney et sa petite voiture prêts à être attelés ; ils avaient l’air d’avoir peur de lui.
Madame Anfry. — Eh bien, cela prouve-t-il qu’il soit méchant et que les maîtres sont mauvais ?
Blaise. — Quand de grands garçons comme ces gens d’écurie ont peur d’un petit garçon de onze ans, c’est qu’il leur fait du mal.
Madame Anfry. — Quel mal veux-tu que leur fasse un enfant ?
Blaise. — Ah ! voilà ! C’est qu’il va se plaindre, et que son père et sa mère l’écoutent, et qu’ils grondent les pauvres domestiques. Je dis, moi, que c’est méchant.
Madame Anfry. — Et qu’est-ce que ça te fait, à toi ? Tu n’es pas leur domestique ; tu n’as pas à te mêler de leurs affaires. Reste tranquille chez toi, et ne va pas te fourrer au château comme tu faisais toujours du temps de M. Jacques.
Blaise. — Ah ! mon