fiche de lecture Alice au pays des merveilles
« Alice au pays des merveilles » de Lewis CARROLL
« The technical triumph of the two books consists in having made what is finally declared to be a dream actually and always seem to be a dream. » Walter de la Mare, Lewis Carroll
« Le langage dessine le monde délicieux et terrible des revirements infinis et infiniment possibles. »
Roland Barthes, Sur Racine
Résumé
Alice est au jardin, accompagnée de sa grande sœur qui est plongée dans un livre désespérément sans images ; elle s’ennuie et commence à s’assoupir quand elle voit passer un curieux lapin blanc très pressé, la montre à la main et qui parle. Guère surprise, la petite fille s’engage à sa poursuite, tombe dans un interminable puits et atterrit en face d’une minuscule porte. Après avoir rapetissé grâce au contenu d’un mystérieux flacon ou grandi démesurément à cause d’un gâteau tout aussi magique, la fillette parvient à pénétrer dans le monde fabuleux, où, perdue qu’elle est dans une solitude toute relative, elle exorcise sa peur en questionnant le langage et à travers lui, le sens. Entreprise bien difficile dans un univers si surprenant que ce pays, peuplé de personnages insolites et troublants, soumis à une étrange temporalité, et gouverné par une Reine excentrique et pseudo-tyrannique, qui ordonne à chaque phrase la décollation d’un de ses sujets, mais qui, malgré la terreur qu’elle semble inspirer, ne parvient jamais à se faire obéir ! Au fil des multiples rencontres, toutes plus déconcertantes les unes que les autres, avec des êtres au langage insensé ou caricatural, comme cette Duchesse moralisante qui incarne la nurse despotique et puritaine de l’ère victorienne, Alice expérimente la folie du rêve, univers de potentialités infinies, et découvre le mécanisme incertain de la référence dans le discours. La parole de la petite fille se heurte à différents phénomènes