Fiche de lecture - daliès de montauban - d. dessert
Daniel Dessert
La monarchie absolue fut la première manifestation en France d’un Etat fort, centralisé et administratif. Ce régime dut beaucoup à son système fisco-financier qui, tout en procurant au royaume les plus importants revenus d’Occident, lui permit de conduire avec succès sa politique étrangère et d’affirmer sa prépondérance européenne. Quelques hommes seulement firent fonctionner ce système : il s’agissait de grands financiers qui incarnaient tous les maux aux yeux du peuple. Ce métier passait pour lucratif, générateur de réussite sociale mais risqué en raison de son discrédit général et de sa réputation sulfureuse. C’est cette voie que les Daliès choisissent d’emprunter dès la seconde moitié du XVIème siècle. Cette famille protestant de modestes juges montalbanais va ainsi sur trois générations s’abandonner aux délices dangereuses des jeux de l’argent : l’aïeul Antoine, trésorier de la maison de Bourbon-Navarre, entame l’ascension sociale. Jean, son fils unique, la mène plus loin et avec plus d’éclat. Samuel, enfin, le fils de Jean, est la créature de Colbert dont il défend avec fougue le programme en échange de sa protection. Samuel constitue l’archétype du grand brasseur d’affaires, auxiliaire indispensable à la monarchie absolue. Il semble même sur le point d’accomplir l’ambition de ses aïeux quand la mort de Colbert, celle du Prince du sang Condé mais surtout la révocation de l’édit de Nantes le poussent à la retraite dans un retour discret au sources. Cette famille entièrement dévouée à l’Etat fut ainsi broyée par le système qu’elle avait servi, sans engranger de bénéfices particuliers. L’auteur Daniel Dessert, l’un de nos meilleurs spécialistes du Grand Siècle, à travers le récit de cette destinée familiale, s’insère dans l’école historique de la « micro-histoire », qui s’attache à reconstruire à partir de