Fiche 3 : Entre image et texte, une œuvre hybride
Le programme publié dans le Bulletin officiel met en lumière les « liens et échanges qu'entretiennent des formes d'expression artistique différentes ». Le lecteur qui découvre Les Mains libres fait en effet l'expérience de ces constants va-et-vient entre l'image et le texte. Il découvre ainsi la force de cette « contagion créatrice » – pour reprendre les termes présents dans le Bulletin officiel.
I. Regards croisés
1) De l'image au texte
Man Ray et Paul Éluard ne sont pas les premiers artistes à unir le langage des mots à celui de l'image. L'histoire de l'art est riche de collaborations fructueuses. Au XIXe siècle, Gustave Doré a par exemple illustré les œuvres de nombreux écrivains. Ses gravures sont bien souvent associées, dans la mémoire des lecteurs, à Don Quichotte de Cervantès, aux Fables de La Fontaine ou encore aux Contes de Perrault.
Seulement, l'originalité des Mains libres est d'inverser ce rapport trop souvent admis. Ce n'est plus le dessinateur qui prend appui sur le texte, c'est l'écrivain qui construit son œuvre sur les fondations qu'un autre a posées. Man Ray a en effet proposé ses dessins à Paul Éluard, comme le rappelle la présentation du recueil au début de l'édition de Gallimard : « Dessins de MAN RAY illustrés par les poèmes de PAUL ÉLUARD. » C'est donc cette collaboration bien particulière qu'il convient d'analyser : est-il possible de considérer les poèmes d'Éluard comme de simples illustrations des dessins de Man Ray ?
2) Le titre : un pont entre l'image et le texte ?
La question des titres est importante dans la mesure où ces derniers semblent relier l'image et le texte.
Il faut tout d'abord noter que quelques titres sont de la main de Man Ray. Citons par exemple, dans la première partie, « L'évidence », « C'est elle », « Burlesque » ou encore, dans la deuxième partie, « Le temps qu'il faisait le 14 mars », « Le sablier compte-fils » ou « Plante-aux-oiseaux ». Nous retrouvons alors les