fiche lecture n°1
14/12/09
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AUTOUR DU MOT
ACCOMPAGNEMENT
Cette rubrique propose autour d’un ou de quelques mots une halte pensive à travers un choix de citations significatives empruntées à des époques, des lieux et des horizons différents. Les travaux sur l’accompagnement commencent à la fin des années quatre-vingt-dix, au moment où ce récent « mode d’aide » monte en puissance. La réflexion sur ce qu’accompagner veut dire n’a pourtant pas été épuisée, ni par les approches réflexives, ni par les praticiens, sans cesse conduits à mettre en regard de « l’accompagnement » (le mot), « la chose » qu’ils pratiquent. Comme le souligne
Gusdorf, « Mettre de l’ordre dans les mots, c’est mettre de l’ordre entre les pensées, mettre de l’ordre entre les hommes » (1968, p. 37). De fait, la fréquentation assidue des professionnels de ces secteurs montre que la difficulté qu’ils ont à cerner leur tâche vient de ce que l’accompagnement se construit à la frontière de logiques diverses : former, enseigner, aider, conseiller ou même gouverner.
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Le mot accompagnement est doublement desservi. Issu du langage courant, il est « la chose de tous et de personne, dépouillé de toute actualité (1), c’est-à-dire de toute valeur » (ibid., p. 40) – et, dans le même temps, doté d’un passé d’engagement d’homme à homme, qui le rend respectable. À ceci près qu’il n’a cessé de s’émanciper de son contexte et du sens dont il était lesté depuis que l’actualité sociale l’a promu au-devant de la scène. Le mot n’annonce plus nécessairement ce qu’il dit : il n’est plus « une promesse de la situation » (ibid., p. 40). Introduit dans le langage professionnel, il perd peu à peu son intention. Étiquette recouvrant des procédés moins avouables, il est rarement caution d’une valeur annoncée.
Ainsi, malgré un apparent consensus social, le mot ne désigne ni une notion stabilisée dans ses significations, ni un territoire bien délimité dans ses