L’idée que « l’étranger, c’est l’ennemi » est une infection latente qui une fois qu’elle fonde un système, conduit à un cheminement logique qui aboutit au camp d’extermination. Celui-ci = produit d’une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse.

LE VOYAGE

Doctrine du Lager : le premier devoir de l’homme est de savoir utiliser les moyens appropriés pour arriver au but qu’il s’est prescrit, et tant pis pour lui s’il se trompe.

Seule une minorité de naïfs et de dupes s’obstina à espérer

Tradition judiciaire : on fait en sorte que le condamné ne sente autour de lui ni haine ni arbitraire, mais la nécessité et la justice, et le pardon dont accompagne la punition. Lager : contraire.

« les hommes savent qu’ils vont mourir. »
« Chacun prit congé de la vie à sa façon ».

Douleur du peuple qui n’a pas de patrie, douleur sans espoir de l’exode que chaque siècle renouvelle.

« L’aube prit en traître, comme si le soleil était complice ».
Acceptation consciente, révolte sans issue, abandon à Dieu, peur, désespoir, folie collective.

Prendre des coups : acte inattendu, insensé : les SS frappent sans colère. => nous n’éprouvâmes nulle douleur ni dans le corps ni dans l’âme, mais seulement une profonde stupeur.

« En route pour le néant, la chute, le fond ».

Idée que le bonheur parfait n’existe pas, mais peu songent à l’idée qu’il n’y a pas non plus de malheur absolu. Ces états limites liés à la même cause : la nature de l’homme répugne à tout infini. Ce qui s’y oppose : -Connaissance toujours imparfaite de l’avenir (= espoir, ou incertitude du lendemain), -assurance de la mort, - inévitables soucis matériel (rendent intermittent le malheur qui nous accable et donc supportable).
Privation, coups, soif ont empêché de sombrer dans un désespoir profond.

Ni volonté de vivre, ni résignation consciente.

L’idée du retour = torture.
Idée de frappe du destin.

Rares sont les hommes capables d’aller dignement à la mort,