Fiction romanesque
a) Le phénomène qu’a constitué la naissance de la littérature négro-africaine trouve sa source dans la situation politique du continent. S’il est vrai que vers la fin du XIXè siècle, l’Abbé Boilat, un métis sénégalais, a publié Esquisses sénégalaises (1853), ce texte n’entre pas dans la catégorie des œuvres de fiction. Puis, à l’aube du XX ème siècle, le noir américain William Edwards Bughard DU BOIS, publia Les âmes noires (1903). Il faut attendre la fin de la première Guerre mondiale, pour qu’en 1921 que produisît l’effet de révolution provoqué par l’attribution du Prix Goncourt à Batouala, véritable roman nègre de René Maran, pour voir s’ériger la pierre angulaire de cette littérature. L’événement en soi, autant que le contexte de parution et le parti-pris de l’auteur, fonctionnaire colonial, font de Batouala le texte fondateur du roman négro-africain.
La traite négrière, puis la colonisation avaient épuisé l’Afrique tout en l’ouvrant aux échanges avec les autres parties du monde. En s’engageant sous les drapeaux et en participant aux côtés des soldats français à la guerre qui opposait la France à l’Allemagne, les ressortissants des colonies françaises prenaient conscience de leur propre situation, au regard de deux valeurs : La liberté et l’égalité. Ceux parmi les Africains qui étaient scolarisés, furent dès lors les artisans de la revendication pour l’autonomie et l’indépendance. Ce contexte de la fin de la 1° Guerre mondiale est marqué en outre par un double phénomène : l’arrivée massive de soldats noirs américains et l’engouement suscité en Europe, particulièrement en France pour l’art nègre sous toutes ses formes, et que l’exposition coloniale de 1931 renforcera.
Les quelques intellectuels nègres qui résidaient en France découvrirent la Negro - renaissance [3] et prirent conscience de la nécessité de mener un combat pour libérer ceux qui étaient victimes de l’oppression raciale. Le lien était renforcé entre