CHIASME (N.M.)
Figure de rhétorique qui consiste en un croisement d'éléments, conformément à l'étymologie grecque du mot chiasme (de khiasmos “ disposition en croix ”, “ croisement ” et de Khi, nom de la lettre grecque (X) en forme de croix). Ce “croisement” s'opère entre des termes appartenant deux à deux à une même nature grammaticale (deux noms, deux verbes, deux adjectifs, etc.). Ainsi, deux syntagmes se suivent de façon symétrique, selon la figure suivante (1 + 2) / (2 + 1) ; par exemple : adjectif + nom/nom adjectif ; ou inversement, nom + adjectif/adjectif + nom. À partir d'un parallélisme comme lourds cheveux et étranges parfums, on obtiendra le chiasme : Lourds cheveux /parfums étranges ou, à l'inverse : Cheveux lourds / étranges parfums. “ On passe souvent de l’amour à l'ambition, mais on ne revient guère de l’ambition à l'amour” (La Rochefoucauld, Maximes.) - “ Celui qui s'élève sera abaissé, celui qui s'abaisse sera élevé. ” (Luc, XVin, 14.) L'inversion se fait souvent dans la seconde partie de l'énoncé : “ Un roi mourait en bas, en haut mourait un Dieu ” (Hugo). On trouve de nombreux exemples de chiasmes en poésie, car cette figure est un procédé de mise en relief souvent lié à d'autres effets (parallélisme, antithèse, rapprochement, etc.) : “ Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat / Se plie, et de la neige effacerait l'éclat”(Chénier).- “Je suivais dans les deux ma route accoutumée / Sur l'axe harmonieux des divins balanciers ” (Vigny). - “ Je me sentais vivre en elle, et elle vivait pour moi seul ” (Musset). Certains proverbes, dictons et quelques expressions populaires se présentent sous forme de chiasme : “ C'est bonnet blanc et blanc bonnet ”. En résumé, le chiasme dispose en ordre inverse les éléments de deux groupes de mots syntaxiquement identiques. Lorsque le chiasme réalise la répétition (avec inversion) des mêmes termes, on parle plus précisément d'antimétabole*. Cette figure est réalisée dans les exemples suivants : “ II faut