Figures de l’etranger dans le roman beur :
Du stéréotype à la textualisation
Exemple du Porteur de cartable de Akli Tadjer
Anouar OUYACHCHI
Parler de littérature beur, nous amène d’une façon ou d’une autre à parler de la dialectique du Même et de l’Autre. Les écrivains rangés sous l’étiquette « beur » étant pour la plupart issus de l’immigration maghrébine en France , la problématique identitaire est un élément clé de leur production. Au carrefour de deux cultures, celle de la société dite d’accueil ou d’appartenance d’une part et la société d’origine d’autre part, ces écrivains tentent souvent d’exprimer dans leurs œuvres la quête d’une identité qui se cherche et se construit dans son contact difficile et permanent avec l’Autre. Cette étude propose l’analyse de la figure de l’Etranger, sous ses différentes manifestations, dans le troisième roman de Akli Tadjer, Le Porteur de cartable. Auteur aussi des A.N.I. du « Tassili » et Courage et patience, Akli Tadjer, comme la majorité des écrivains beurs d’ailleurs, interroge systématiquement la question identitaire dans son rapport fondamental avec le notion de l’Autre pour donner sens, ne serait-ce que de façon symbolique, à un moi toujours renvoyé par la réalité à sa conscience d’être différent et Etranger. Je tenterai de montrer comment Le Porteur de cartable cherche à construire l’Etranger et l’étrangeté à travers toute une dynamique narrative où discours socio-politique et symbolique sont intimement liés. Racontant le quotidien d’un petit algérien dans ce Paris de mars 1962, le roman de Akli Tadjer prend le contexte socio-historique de la guerre d’Algérie comme toile de fond. Partant, le récit sert de prisme aux discours qu’une société française en crise, avec ses différentes composantes ethniques, sécrète et produit sur les Etrangers qui l’habitent, la déstabilisent et l’inquiètent.
Mais l’Etranger est aussi une construction du texte, de l’imaginaire, une figure qui ne prend réellement corps et