Film l'Esquive. Commentaire
On n’y voit guère les barres d’immeubles, parce que les cadres sont serrés (pas de vues de paysages). « Et les rues du quartier de Franc-Moisin sont […] bien vides. »
Beaucoup de critiques ont estimé que ce n’était pas un film sur la banlieue mais sur l’adolescence. Selon François Bégaudeau, ce film « par-delà l’anecdotique contexte urbain, débusque l’ado dans le jeune de banlieue, le sentimental dans le violent, l’universel dans le particulier. »
L’universel (qui fait référence à tous les hommes) est montré par l’intérêt que ces jeunes, qui parlent un langage très différent du marivaudage, portent à ce que dit Marivaux, à la manière dont il le dit, au jeu théâtral mis en abyme dans la pièce. Cela montre que la question du langage les intéresse (voir le paragraphe sur le langage) mais aussi celle des rôles que chacun joue dans la vie. Qu’ils soient de banlieue ou d’ailleurs, ces questions sont vives chez les jeunes. (universalité). 2 – Une image à débattre de la banlieue : les garçons et les filles
François Bégaudeau : « Les premiers plans. Un obscur cercle de garçons s’anime, émet une cacophonie d’injures, promet d’aller niquer race et mère de ceux qui ont commis on ne sait quel outrage sans doute dérisoire. Arrive Krimo, on le met au courant et demande s’il en est. Il noie le poisson puis se retire, suivi par la caméra. C’est alors seulement que s’incrustent les lettres du titre. Comprenons : le film ne peut commencer qu’à la faveur de cette esquive. »
F. Bégaudeau explique qu’il s’agit de ne pas faire comme le journal de TF1, qui adopte une position sécuritaire en faisant peur avec les jeunes de banlieue. Abdellatif Kéchiche fait le contraire, il montre une banlieue perméable à la culture la plus exigeante.
Il poursuit : « Il s’agit […] d’éloigner la meute. De maintenir à distance les garçons, pour, via Krimo, rejoindre les filles. […] Aux filles la langue