Fin de guerre civile ethiopie-erythrée
A.1 La coopération entre l’EPLF et le TPLF, et la chute du régime militaire en Éthiopie
A la fin des années 1980, le principal mouvement indépendantiste érythréen est incarné par l'Eritrean People Liberation Front (EPLF). Après avoir éprouvé la grande offensive de l'armée éthiopienne du Derg (junte révolutionnaire marxiste) en 1978, l'EPLF a bénéficié d'une longue phase de repli stratégique au Sahel au cours de laquelle il a augmenté son efficacité en développant ses réseaux techniques et médicaux et, il a au fur et à mesure renforcé son idéologie et son unité. Il a aussi profité du ralliement d'une grande partie des membres d'un mouvement rival, l'Eritrean Liberation Front (ELF), en proie à de multiples divisions internes[1].
De plus, l'EPLF va recevoir un soutien militaire des États-Unis, via leur allié Sadam Hussein, qui lui permet de lancer une grande offensive en 1988, et qui mène à la prise d'une importante ville de garnison, Af Abet, mettant ainsi la main sur une énorme quantité de matériel militaire lourd.
Fort de son organisation interne, de son idéologie et de sa nouvelle puissance militaire, l'EPLF reprit sa coopération avec le Tigrean People Liberation Front (TPLF) ainsi qu'avec le Front de libération de l'Oromo (FLO) dans une moindre mesure[2]. Comme l'EPLF, ces derniers luttent contre le régime du Derg et, pour que les régions qu'ils représentent (le Tigray et l'Oromo) fassent sécession de l'Éthiopie[3]. En fournissant du matériel militaire lourd au TPLF, l'EPLF l'aide à conquérir le territoire du Tigray dans un premier temps, et ensuite, à progresser vers le Sud pour s'emparer finalement de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, en mai 1991. Au même moment, l'EPLF entre dans la captiale érythréenne, Asmara.
Le soutien militaire américain à l'EPLF à partir de la fin des années 1980 semble ainsi avoir été décisif car il est intervenu à une période où l'URSS retirait progressivement son soutien au régime du Derg.