Fin de partie et ses personnages
Les relations humaines devraient pouvoir sauver l’homme mais sans société comment s’élever ? Les valeurs humaines sont mises à mal. Hamm demande pardon à Clov pour la souffrance quotidienne qu’il lui inflige mais c’est une simple posture sans sincérité. Clov au moment de quitter Hamm lui chante une petite bergerette où l’amour est « emmerdé ».
Pas de pitié, chacun crève et souffre dans son coin, dans une poubelle, en tout cas bien empêtré dans son triste sort. Seul Nagg pleure la mort de Nell.
A la fin du « roman » de Hamm, le personnage déclare « Prions Dieu »: la prière est une forme de divertissement au même titre que toutes les autres activités. Clov et Nagg prononcent le Notre Père précipitamment et Hamm abandonne vite la prière, avant de jurer « Bernique », « Macache », « Le salaud! Il n’existe pas! ». Ce passage posa d’ailleurs problème à l’auteur avec les responsables de la censure britannique en 1957, ce qui contraignit à ce que la première de la pièce soit une représentation privée avec invitations.
Dieu est une figure à inventer « Pas encore » répond Clov alors que Hamm constate l’inexistence de Dieu. Le messie est à venir et sa venue est suffisamment tardive pour ne pas pouvoir prévenir les catastrophes.
Dans la cosmologie personnelle de Beckett, on peut dire que la création du monde est un échec, l’humanité un échec dont il faut s’accommoder tant bien que mal…
3) Fin de partie ou le non-sens ?
La pièce ne se situe ni dans un espace, ni dans une époque précise. Pourtant cette pièce peut être lue comme une parabole post-atomique avec ses rescapés dégénérés, leur « refuge » improbable. Avec Auschwitz, le génocide et la folie meurtrière qu’ont connu les hommes dans la première partie du XXe siècle, avec la bombe atomique, quels peuvent être les rôles de la belle culture et de la philosophie ? La culture est décomposée « Mon royaume pour un boueux » dira Beckett. Avec Fin de partie, l’homme n’est