Fin de partie, triste reflet de notre quotidien
“ Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir” (Clov, page 13)
Fin de partie. Comme la piece d’Eugene Ionesco Le Roi se meurt, qui paraît cinq ans plus tard, cette piece de Samuel Beckett porte un titre pour le moins annonciateur de l’action qui va suivre. Comme on attend la mort du roi chez Ionesco, on attend la fin de la piece de Beckett, et ce des le premier vers. N’est-ce pas la premiere particularite geniale de Fin de partie ?
A quoi bon, dira-t-on, assister à une representation theatrale dont l’on connait deja l’issue. Mais c’est justement cette fin annoncée de facon si univoque qui permet a la piece d’exister, car les protagonistes envisagent precisement la fin de partie. La scene devient alors le cadre de la reflexion des personnages, reflexion intimement liée au theme de la finitude, cette fin que l’on attend, qui tarde a venir, que l’on remet meme en question en tant que spectateur. Là se trouve toute la puissance evocatrice du premier vers, lien entre le discours des personnage et la reflexion du spectateur tout au long de la piece. D’ailleurs, pour repondre a ceux qui questionnent l’utilité d’une piece dont l’on connait deja la fin, n’est-il pas pertinent de remarquer le parallele avec la vie, dont chacun connait l’issue certaine et ineluctable, la fin de partie? Est-il pourtant inutile de la vivre?
Le premier vers, cette premiere phrase citee plus haut, est vitale au deroulement de la piece. Elle vient en effet confirmer ce que le titre laissit pressentir, a savoir la predominance du theme de la fin (avec cinq expressions liees a la fin parmi les quinze premiers mots de la piece, en incluant le titre, cela parait limpide). Cela aurait pu ne pas etre le cas, comme nous montre le titre de certaines productions artistiques aucunement lie au contenu de la production meme. On pense au court-metrage de Luis Bunuel et Salvador Dali Un Chien Andalou, ou